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dimanche 29 janvier 2012

Croyance, religion et gouvernement


Je lisais ce soir un billet dans le Grand Soir, signé Sayid, intitulé La religion et la république.  Prêtons-nous au jeu, après tout. Et raisonnons, nous aussi.

Merci à Sayid de remettre à nos mémoires cette conversation tirée d'"Ainsi parlait Zarathoustra". Il me rappelle de vieux souvenirs de l'oral obligatoire au Bac Philo. Il me surprend, quand il veut rendre compatible le gouvernant et la religion. J'espère que Nietzsche ne m'en voudra pas.

A mon avis, ce dialogue est complètement faussé.

Doit-on parler indifféremment de religion, et de croyance ? Je ne pense pas. La croyance est généralement dans l'humain, et ne concerne que lui, avec des nuances qui lui sont propres en fonction de son caractère et de ses expériences. La religion est un cadre imposé par des humains ("inspirés" ou non) à d'autres humains par divers moyens, dont la persuasion, la force, et au bout d'un certain temps la coutume dans laquelle baigne le nourrisson, qui grandit avec et la fait sienne au moins au départ. La religion apporte des croyances, mais aussi des rites, des règles. Ces rites et ces règles sont nécessairement "humains", d'ailleurs ils découlent généralement d'interprétations à partir de phrases souvent vagues.

L'athéisme, selon Zarathoustra, serait une croyance parmi d'autres. Je pense qu'il y a plusieurs formes d'athéismes. Certains peuvent s'approcher de cette définition. Du genre "Je crois qu'il n'y a rien".

Mais aussi il peut y avoir la démarche pragmatique "Je décide qu'il n'y a rien, je pose un postulat en ce sens, j'enterre le mot croire qui fausse les raisonnements." Dans ce cas se posent trois propositions :
- soit par les études, qui le prouvent, on sait
- soit, parce que la science n'a pas suffisamment progressé, on ne sait pas
- soit parce qu'on a une idée, une hypothèse est posée. Ensuite, quelqu'un prouvera que c'est vrai, donc la proposition 1 est établie. Ou au contraire il est démontré que c'est faux, et nous revenons humblement à la proposition 2
- il existe une variante à la proposition 3 : celle où une chose se révèle indémontrable, soit pour prouver sa véracité, soit pour infirmer celle-ci. Si cet aspect des questions est fondamental pour quelqu'un, il est alors érigé en postulat, qui n'engage personne, mais permet de vivre.

S'imbriquant avec celle de religion, s'est imposée la notion de justice. Sans doute est-ce un problème mal posé. Qui pourrait donner une définition vraie et acceptée par tous de la justice ? C'est probablement un leurre.

Prenons les bases de la République. Celle de France, qui se veut universaliste dans ses principes. Elle met en avant la liberté, mais aussitôt après l'égalité et la fraternité. La justice, s'il y en a une, est contenue dans ces trois principes-là. Je l'ai souvent répété, l'égalité conditionne la liberté, car sinon il y aura des gens plus libres que d'autres, et libres d'empiéter sur la liberté de ces autres. Il s'agit bien entendu d'une égalité en droits et en devoirs. Pour le reste, tous égaux, nous sommes tous différents, et tous aptes à apporter quelque chose, en toute fraternité, à l'ensemble. La fraternité est le lien, le pacte qui scelle l'alliance entre tous les humains, et entre ceux-ci et la terre qui les nourrit, et les porte tout le long de leur vie.

La justice serait donc le constat que le pacte est rempli, l'injustice la dénonciation de la tricherie d'un ou plusieurs humains, tricherie volontaire ou pas. Ce n'est pas quelque chose de naturel, mais un élément du "contrat social" en quelque sorte, porté oralement ou sur les tablettes du tabellion, peu importe. Il faudrait être bien malin, pour trouver une trace divine là-dedans.

Pour résumer, dieu, ou pas dieu, et en plus, lequel ?

Mais qu'importe ! A-t-il une vraie utilité sociale ? Il semble bien que non. Qu'il reste au tréfonds de ceux qui en ont besoin, pour dialoguer avec lui. Que des amis de cette présence intérieure en discutent entre eux, il n'y a aucun mal à cela. Mais que personne ne s'avise de l'imposer d'une façon ou d'une autre, car c'est ainsi que s'instaure la tyrannie.

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