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dimanche 1 janvier 2012

Stratégie pour cette nouvelle année

Je repère ce matin dans "Le Monde" un article de Caroline Fourest dont voici un extrait :

Tant de têtes sont tombées en 2011 qu'on est pris de vertige. Ben Ali a dû fuir son pays. Moubarak passe en procès, allongé sur une civière. Kadhafi a trouvé la mort qu'il redoutait. Bachar Al-Assad a définitivement perdu la tête, même si elle tient encore sur ses épaules grâce à la férocité de la répression. Il devra bien céder. Aucun tyran n'est éternel. Même Kim Jong-il a fini par mourir. Mais sans modestie. Car, dans son cas, son peuple n'a pas trouvé la force de se soulever ni même de retenir ses larmes.

A mon avis, Caroline Fourest va vite en besogne. Ben Ali est hors d'atteinte dans un pays qui n'extrade pas, Moubarak, je me demande s'il sera réellement jugé un jour puisque c'est la structure dont il était la tête visible qui est toujours en place. Kadhafi assassiné, certains demandent le retour de ce qu'il avait fondé, la  Jamahiriya, tant la suite est décevante et amère. Pour Assad, il est difficile de savoir si c'est une répression ou au contraire une suite d'incursions d'éléments extérieurs qui sont causes de tant de victimes. La propagande avait déjà frappé pour tenter d'accréditer l'invasion de l'Irak, de la Libye...

En revanche, Caroline Fourest ne parle pas d'un tyran mondial, qui est la cause de tant de morts partout, morts par empoisonnement (OGM, pesticides, Agent Orange, phosphore, amiante, uranium appauvri ou non, etc...), par la faim (y compris beaucoup d'enfants), par la guerre armée aussi. Ce tyran, à plusieurs têtes souvent inconnues, c'est la finance internationale. Selon un billet du Grand Soir, ce sont 147 firmes qui "tiennent" la planète, dont les trois quarts sont financières. Comme il est connu que les Grands Administrateurs touchent les jetons de présence de plusieurs sociétés chacun, ils ne sont peut-être qu'une centaine à donner le la à l'ensemble de l'économie mondiale, spéculant qui sur le yen, qui sur le soja, qui sur le blé, avec tous les arrangements intermédiaires possibles. Ces cent personnes (pour aller vite), inconnues, sont objectivement LE tyran mondial. La grande majorité d'entre eux sont états-uniens. Ils ont donc les mêmes motivations, le même substratum culturel, la même religion (l'Argent).

Voilà ceux qu'il faut combattre. Un Bachar al-Assad, à côté de cela, ne compte pas. Ce n'est qu'un comparse. En cette nouvelle année, ne nous trompons pas d'ennemi. Le vrai, celui qui compte, est informel, il n'a pas de nom, mais il décide de tout. C'est tout simplement lui qu'il faut abattre, par exemple en faisant pendant un temps déterminé la grève des achats dans les grandes surfaces. C'est par l'argent qu'il nous tient, c'est par l'argent qu'il est vulnérable. Aux armes, citoyens ! Nos armes sont nos porte-monnaies. A nous de définir une stratégie pour l'amener à merci.

3 commentaires:

  1. Très bon billet...ou presque, car je reviens sur 2 points :
    1- "Pour Assad, il est difficile de savoir si c'est une répression ou une suite d'incursions extérieures..." : c'est exact, mais il est facile de savoir que ces 2 aspects se combinent très gravement, comme c'est souvent le cas, avec tous les dangers à venir (comme hier en Libye) pour la Syrie, l'Iran, etc.
    2- Tu conclues ton billet par un vague souhait de "grève des achats dans les grandes surfaces", car "nos armes sont nos porte-monnaies"...c'est oublier un peu vite que beaucoup, beaucoup de porte-monnaies sont vides, vidés (s'ils ont été un jour pleins!) par cette "centaine" de grand-prêtres du Dieu Argent... A mon avis, nos armes sont bien plus nos colères massives de peuples miséreux ou appauvris... Et la "stratégie à définir" ne le sera par personne (gaffe aux États-Majors!!), comme le montre l'enchaînement du soulèvement tunisien à partir d'un suicide de plus... et comme l'ont montré tant et tant de Révolutions (cf.1871) - souvent trahies par la stratégie de leaders comme Lénine ou Mao...

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  2. Oui, Rem*, quand éclatent des troubles, c'est des deux côtés que viennent exactions, excès et bavures. C'est bien ce qui est escompté par la CIA : pousser Assad à la faute, pour mieux le discréditer par ailleurs dans les médias à sa solde (presque tous, en somme).

    Porte-monnaies... pourtant les caddies pleins à ras-bord de ces jours-ci ne m'incitaient guère à me dire qu'ils étaient vides avant d'entrer dans cet hyper qui me sert de voisin.

    Parler de stratégie, ce n'est pas discuter tactique. L'une réside dans des idées larges, que doivent bien diffuser quelques-uns pour donner une orientation. En revanche, la tactique ne peut être que locale, et décidée en assemblée. Je ne vois pas là-dedans d'États-Majors. En revanche, je suis bien d'accord que des Mao ou Lénine ont trahi l'essence même de la révolution, collective par nécessité. En cela ils ont suivi Napoléon, et non Toussaint Louverture.

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  3. Je reviens sur ces "deux côtés" (intérieur/étranger) des exactions (en Syrie, entre autres). Je fais la distinction entre les fumeuses théories de la "globalisation du capitalisme" et la saine pratique de l'internationalisme prolétarien, c.a.d. l'unité du genre humain, la solidarité des peuples...
    C.a.d. la circulation généreuse des idées et des gens (les idées de Ganghi, les actes du Che, etc.) d'un côté, et les sophismes de "La Fin de l'Histoire" et du "dernier bastion" que serait l'Islam (après le Communisme) contre le Capitalisme Triomphant, paravent derrière lequel infiltrer services secrets et manœuvrer les ONG (naïves ou consentantes)... Sombre brouillage du sens de l'Histoire vraie !
    La douloureuse et si complexe lutte internationale des peuples continuera, pour la justice sociale, sans quoi la liberté n'est qu'un mot : Oui, dans ce cadre là, il y a à oser penser "stratégie", un peu partout... et tenter de l'appliquer - avec lucidité, humilité - dans diverses luttes sociales, dont la tactique reste à décision locale...bien sûr.

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