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jeudi 31 janvier 2013

On ne veut pas de la famille pour tous en France (RosaElle)

RosaElle nous apporte ici un magnifique plaidoyer pour la famille pour tous. Je ne pouvais manquer de le répercuter ici.

 

On ne veut pas de la famille pour tous en France 

 

Je commence en mettant les choses au point: le mariage pour tous, je ne veux plus en parler au sens que mon avis n'est pas intéressant puisque la loi va être votée, et en plus, en tant qu'hétéro, ce n'est pas à moi de l'approuver ou pas.

Mais la famille pour tous... j'y ai réfléchi, effectivement, parce qu'il est intéressant de voir que ni les anti, ni les pros n'offrent de réflexion vis-à-vis des enfants qui vivent dans des familles qui sont devenues variées et différentes. En effet, si on se penche sur les configurations de ce sujet, il s'agit que tous les enfants puissent grandir de la meilleure façon  qui soit, quels que soient leurs parents.

Et justement, nos politiques disent avaliser un état de fait, qui est qu'il existe déjà des familles homosexuelles, dont il faut protéger les droits, surtout vis-à-vis des enfants qui grandissent dans ces foyers.

Or, je n'ai vu aucune réflexion concrète de la part de nos politiques, là-dessus, ni de la part des militants qui veulent les mêmes droits pour tous, ou ceux qui refusent l'existence même de ces droits pour ces familles qui ont somme toute, le droit à la différence. La méthode Coué des uns et des autres, en se rejetant la faute mutuellement sur les traumatismes qu'occasionnent pour les gosses de grandir dans telle ou telle famille, ce n'est franchement pas sérieux.

De plus, un enfant n'est pas responsable de l'endroit où il vit et est élevé. Il n'est pas responsable de ses parents et de leur degré de compétence en matière d'éducation.

Cette famille pour tous, pourtant, est rejetée dans sa base égalitaire par les pros et les anti, et cela déborde même sur les problèmes des familles traditionnelles.

Nous allons donc aborder le sujet qui fâche : La G.P.A ou gestation pour autrui, soit le recours aux mères porteuses (c'est fou comme on adore inventer des sigles)

Parler de la GPA est intéressant car ici, tous s'accordent pour la rejeter.

C'est d'ailleurs assez curieux, car les mêmes arguments se retrouvent dans des bouches différentes.

Cela serait une exploitation dégradante du corps de la femme, une mercantilisation inacceptable. On retrouve ici la notion de la sacralité du corps de la femme, qui se mélange avec des thèmes féministes classiques de l'avilissement de ce corps.
Moi, je veux bien. On admet cela.
Si je comprends bien, une femme devrait avoir le droit de se faire tuer à la guerre mais pas le droit de louer son ventre afin d'aider des gens, sa motivation serait forcément mercantile et vénale, corrompue, on toucherait  à ses droits... Ah...elle ne pourrait pas être altruiste, elle... intéressant.

D'une certaine façon, ne serait-ce pas aller contre l'égalitarisme que certains demandent? Si un homme peut vendre ou donner son sperme en un geste désintéressé, pourquoi n'en serait-il pas de même avec un ventre féminin? Le fait qu'une femme désacralise son corps en en faisant ce qu'elle veut, n'est-ce pas là la plus grande preuve d'égalitarisme tant vanté par les féministes?En effet, penser systématiquement que la femme n'est pas capable d'être libre de ses actes et de ne pas dissocier le corporel du spirituel...c'est en fait, une sacrée infantilisation de cette femme par d'autres femmes et hommes dits progressistes, en vertu de ses droits, on lui en enlève un, et je ne parle pas des réacs catholiques...

Pourtant, si on suit bien la Bible, Marie était la première mère porteuse de l'histoire, il me semble...

Ne voyez pas dans ces propos une profession de foi, ce sont juste des réflexions neutres et objectives sur le sujet, je n'ai ni l'intention de recourir à une mère porteuse, ni en devenir une, je n'ai personne dans mon entourage que ce débat touche,  je  peux donc bénéficier d' un certain recul sur ces faits et cette analyse, en faisant abstraction de tabous judéo-chrétiens issus de mon éducation.

La GPA est légalisée dans nombre de pays. On a donc des législations mises en place, et du recul face à cette pratique. Je vous mets ici en lien un site américain, qui est celui d'une structure créée par un gay, afin d'aider des couples à devenir des familles.Vous constaterez que le discours n'est pas le même qu'en France. Les LGBT, ce puissant lobby international, sont même en accord avec ce que dit ce site, d'après ses dires.

On sait que des couples gays ont recours à la GPA, et que des enfants sans papiers, bien que français, dont les mères porteuses ont abandonné tous les droits, se retrouvent tels des fantômes, comme le dit David, au regard de l’État Civil Français. Sur une chaine de télé, un père s'est même confié en expliquant qu'il devait renouveler le visa de son fils tous les ans, parce que la mère porteuse venait d'Israël...On ne peut punir les enfants pour les supposés infractions des parents, il me semble.

Pour ces enfants, au moins un des parents est français, génétiquement parlant, pourquoi ne peuvent-ils donc avoir la nationalité?

C'est pourtant ce qu'on a fait, en les privant de leurs droits, en suspectant un délit.
La circulaire Taubira rétablit donc la justice, en régularisant la situation de ces gamins, qui sont aussi d'ailleurs, des enfants de couples hétérosexuels, auquel la PMA ne résolvait pas la stérilité, il ne faut pas l'oublier.

Or, l'argument massue en faveur de la PMA est le suivant: les bébés Thalys existent, issus de ces homosexuelles qui vont en Belgique, ou en Espagne aussi, afin de bénéficier d'une fécondation in-vitro. Pourquoi donc cet argument, la légalisation d'un état de fait, est retenu et considéré comme légitime, en faveur de l'autorisation de la PMA et non pas pour la GPA ?
De plus, comme je l'ai déjà dit dans un précédent article, ne pas autoriser la GPA et légaliser la PMA en France, c'est inégalitaire, donc en contradiction avec l'idée de la famille pour tous.
Personne, donc, dans les lobbies qui s'agitent dans le débat de la famille pour tous, n'en veut réellement.

Pour la GPA, on est même au point de sacraliser ou de sataniser la femme, qui pourrait devenir mère porteuse  , qui est un objet de toutes les discussions, de toutes les protections... Oui, un objet, pas un sujet.

Ce qui est quand même curieux dans ce débat, c'est qu'on retrouve dans toutes les bouches, un vieux fond de culture chrétienne, celui qui tend à infirmer le droit au corps d'être indépendant de l'esprit, et le droit de disposer de son corps comme on l'entend, bien que la différence se fasse au niveau de la PMA.

Mais la différence n'est en fait  pas si subtile que cela : certaines lesbiennes activistes voulant la PMA refusent la procréation biologique naturelle, elles sacralisent donc leur corps en ne différenciant guère l'acte du sentiment. Elles sont donc aussi, en général, dans la logique judéo-chrétienne qui fait qu'on ne peut pas coucher avec une personne sans l'aimer. Elles ne voient pas la finalité de l'acte mais le processus de quelque chose qui les révulseraient, étant contre leur nature lesbienne...avec le risque de mépriser le donneur potentiel...Je ne dis pas que toutes les lesbiennes sont ainsi. Certaines ont sans doute un sens pratique et des principes de fidélité tout à fait louables. Et on n'a pas à critiquer les choix des gens.

Les hommes qui ont recours à la GPA, eux, n'ont pas le choix. Ils intellectualisent donc, sans état d'âmes, le processus, tout en admettant le caractère altruiste de la mère porteuse mais ils construisent leur désir d'enfants sans mélanger un quelconque tabou judéo-chrétien. C'est sans doute là la différence.

En fait, sommes-nous réellement prêts pour la famille pour tous? Avons-nous réellement le désir d'en discuter sereinement*, en toute objectivité? C'est sans doute le constat que nous devrions dresser, avant de nous lancer dans des législations et de laisser ce débat devenir un dialogue vif et somme toute, stérile, ce qui est un comble pour le sujet...


*Pour précision, Nadine Morano était favorable à la GPA en 2008 dans le cadre de stérilité de couples hétérosexuels et semble continuer dans ce point de vue...

mercredi 30 janvier 2013

Décès de l’écrivain rom Ceija Stojka, survivante des camps nazis (Assawra)

C'est une triste nouvelle que nous relate Assawra. Merci à ces amis de rester vigilants à propos de toutes les souffrances, passées, présentes et futures.


Décès de l’écrivain rom Ceija Stojka, survivante des camps nazis

mercredi 30 janvier 2013, par La Rédaction d'Assawra

L’écrivain et peintre autrichienne d’origine rom Ceija Stojka, survivante des camps de concentration nazis et dont l’oeuvre fait référence pour les persécutions nazies à l’encontre des tziganes, est décédée le 28 janvier à l’âge de 79 ans dans un hôpital de Vienne, a annoncé son éditrice Karin Berger à l’agence de presse autrichienne APA.

Née dans une famille rom, les Lovara-Roma, Ceija Stojka a été déportée par les nazis et a passé son enfance dans trois camps de concentration, à Auschwitz-Birkenau (sud de la Pologne), à Ravensbrück (nord-est de l’Allemagne) et à Bergen-Belsen (nord de l’Allemagne).

Survivante des camps de la mort, elle a raconté son expérience et sa vie dans une oeuvre publiée en 1988 qui est devenue célèbre : "Wir leben im Verborgenen - Errinerungen einer Rom-Zigeunerin" ("Nous vivons dans la clandestinité. Souvenirs d’une rom-tzigane"). Elle a ensuite publié "Reisende auf dieser Welt" ("Voyageuse de ce monde") en 1992, suite de cette première oeuvre.

"J’ai pris le stylo pour écrire, car j’avais besoin de m’ouvrir, de crier", expliquait-elle en 2004 lors d’une conférence au Musée juif de Vienne.

Ceija Stojka ne s’est pas contentée d’écrire sur le sort réservé à la minorité tzigane sous le régime nazi. Elle a également réalisé plusieurs tableaux, notamment "Die Finsternis von Bergen-Belsen" ("Ténèbres de Bergen-Belsen"), décrivant la vie à l’intérieur du camp.

Elle a reçu plusieurs distinctions, dont le Prix Bruno-Kreisky pour le livre politique en 1993.
"Ceija Stojka était convaincue que la vie pacifique en communauté ne peut exister qu’avec un dialogue constant et une connaissance de l’Histoire", a expliqué la ministre autrichienne de la Culture, Claudia Schmied.

(30 janvier 2013 - Avec les agences de presse)

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Ceija Stojka (born 23 March 1933, Kraubath an der Mur, Styria, died 28 January 2013) was an Austrian-Romani writer, painter and musician, survivor of the Holocaust.
She is from the Lovari caste, the fifth of six children, sister of Karl Stojka and Mongo Stojka, also writers and musicians. Together with her mother and four of the five brothers she survived the Holocaust and the internment at Auschwitz and Bergen-Belsen. Her father was sent to the Dachau concentration camp, then to Schloss Hartheim, where he was killed.
After the end of the World War II their family saw the lack of acknowledgement of the Porajmos in Austria, the population’s ignorance concerning this suffering and the continuation of some anti-Romani policies. The publication of her first autobiographic book in 1988, We Live in Seclusion. The Memories of a Romni made public the issues concerning the Nazi persecution of the Austrian Romani people (later continued in 1992, when Travellers on This World was published).

Works
Wir leben im Verborgenen. Erinnerungen einer Rom-Zigeunerin "We Live in Seclusion. The Memories of a Romni" (1988)
Reisende auf dieser Welt "Travellers on This World" (1992)
Meine Wahl zu schreiben - ich kann es nicht (2003 - Gedichte)
Me Diklem Suno "I dreamt" (Audio-CD)
Träume ich, dass ich lebe ? Befreit aus Bergen-Belsen (2005)

lundi 28 janvier 2013

Caterpillar creuse... les pertes ?

L'Agence Reuters nous apprend que le géant de la chenille industrielle enregistre une baisse de 55% de son bénéfice trimestriel.

Cela peut être une bonne nouvelle. Ces engins que dorénavant la société doit stocker au lieu de les vendre ne sont-ils pas de puissantes armes, dont un gouvernement sis à Tel Aviv se sert pour démolir maisons, oliviers... et personnes ?

Rappelons un fait tragique. Il y a presque dix ans, le 16 mars 2003, Rachel Corrie, avec pour toute arme un porte-voix, s'efforçait de dissuader le conducteur  d'un engin de terrassement, un D9 de Caterpillar, de démolir et écraser la demeure d'un médecin palestinien. Cette étudiante de 23 ans, originaire de l'État de Washington, était devenue une militante pacifique des droits de l'homme. C'est dans d'exercice périlleux de son engagement qu'elle a été écrabouillée par un de ces énormes bouteurs qu'utilise l'armée "la plus éthique du monde" selon sa propre expression.

Citons l'un de ses compagnons de lutte. L'engin « a poussé Rachel, d’abord sous sa pelle, puis sous sa lame, et il a continué à labourer son corps jusqu’en dessous du cockpit. Il est resté sur elle pendant quelques secondes, avant de faire marche arrière. Il a fait marche arrière avec la lame baissée, ce qui fait qu’il a raclé son corps une seconde fois ».

Le résultat ne pouvait être que funeste après pareil traitement. Bien entendu le conducteur de la machine nie l'avoir vue, parce que selon ses termes elle était dans un angle mort, alors qu'elle était depuis un bon moment face à la lame.  Selon les témoins, ils étaient deux soldats dans l'habitacle, donc pareil argument, brandi par le gouvernement pour sa défense et celle de ses hommes, ne tient pas une seconde.


Il est très habituel que ces machines soient utilisées, impunément vu la taille des monstres, pour démolir des pans entiers de quartiers palestiniens, à Gaza, Naplouse ou ailleurs. Ils ont servi pour la fameuse opération "Plomb durci" il y a quatre ans, ajoutant  plus de désolation encore aux bombardements.






dimanche 27 janvier 2013

De Rem* - TINA soit qui MALI pense !

Mon ami Rem* me fait l'honneur de cette nouvelle version d'un article qu'il a déposé chez Ruminances il y a quelques jours. Je l'en remercie. Il semble, selon lui, qu'il ne soit que la conclusion d'un ouvrage bien plus vaste dont il parlera sans doute. Place à l'écrivain engagé.



TINA soit qui MALI pense !
23 janvier 2013, IN EXTREMIS !! - L'actualité m'impose d'interrompre mes corrections (avec l'aide de quelques ami(e)s, merci !) pour reprendre plume imprévue... : Tout d'abord, de l'amie Martine - qui illustre la couverture - voici son bel article, paru sur «Ruminances» le 19 janvier 2013. Puis ma réaction. 

Aminata Traoré, ma sœur


«Les gens connaissaient leurs difficultés, nous vivions dans une situation sur-réactionnelle au Mali».
Aminata Traoré dénonce en tant que Malienne, ancienne ministre de la culture, femme politique, écrivaine, humaniste, altermondialiste et essayiste, engagée, y compris sur le plan artistique, et, surtout, femme de ce monde...
Aux dernières nouvelles, Aminata était contre une intervention militaire internationale au Mali. Elle craignait, entre autres choses, la maltraitance faite aux femmes en représailles, quels que soient les clans auxquels elles appartiennent.
Elle avait peur aussi d’un jugement fait à l’emporte-pièce sans prendre en compte la trame de la situation globale des forces existantes, entraînant forcement des conséquences catastrophiques et injustes.
Enfin, la soumission des peuples qui s’en suivront avec l’installation plus profonde du monde marchand qui pillera inévitablement, plus qu’à l’accoutumé, les terres dévastées, sous un prétexte ou cause détournés.
Le peuple des Touaregs devient le peuple à abattre, alors qu’ il est victime de misère, comme tous les peuples africains, sauf que les conditions géographiques, géopolitiques, ont précipité beaucoup d’entre eux dans une lutte devenue religieuse, venue de Libye après avoir transité par l’Irak.
Aminata Traoré considère que les pays africains sont des peuples soumis et poussés à la libéralisation par les institutions internationales, les appauvrissant jusqu’à la rupture. Le même processus d’austérité qu’en Europe, les africains y sont accoutumés depuis plusieurs décennies : une dette imposée, impossible à rembourser, des prêts d’argents consentis par le FMI à la condition de laisser s’installer multinationales et libéralisme. 
Pour elle, le printemps arabe n’a rien à envier à la lutte pour la démocratie passé il y a une vingtaine d’année au Mali. Les peuples du nord de l’Afrique pourraient prendre leçon du passé Malien... Le problème reste l’emprise de la globalisation mondiale et de la mainmise du monde marchand sur les dirigeants africains restaurant rapidement l’anti-démocratie, favorisant l'éclosion d’élites et l’aggravation de la pauvreté, le retour à la soumission. Le capitalisme corrompt les relais élus sur place qui deviennent les 1% de maliens prospères naviguant dans les affaires, laissant les autres dans une pauvreté extrême. Ainsi la corruption grandit dans le sens où, comme on le dit en Côte d’ivoire, « débrouiller n’est pas voler ».
Il faut bien trouver un moyen de survivre en Afrique, quand les terres sont arrachées aux agriculteurs, quand les eaux sont vidées des poissons par les multinationales qui exploitent aussi à grande échelle toutes les matières premières à moindre retour. La pollution ouverte à tous les excès. Il n’y a pas de travail, les fonctionnaires, sauf les gradés, ne sont pas payés. Idem dans le privé. Que reste-t-il aux gens ? L’immigration… Il y a aussi l’enrôlement dans l’armée de fanatiques en rage et le milieu mafieux de la drogue.
« Quand on broie les peuples il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils restent assis », dit Aminata Traoré en juin dernier, étonnée que l’on ne fasse cas du peuple malien qui se rebellait : « Les occidentaux sont naïfs, il faut cesser de croire à cette démocratie et voter ne sert à rien. Celui qui sera élu sera celui qui a le plus d’argent et s’il a de l’argent c’est qu’il est le plus corrompu. La Cédéao (CDAO) est dépendante du système extérieur et les peuples africains sont coincés sans pouvoir y échapper. S’il en avait été autrement, si les Touaregs avaient pu vivre dignement, jamais ils ne se seraient fourvoyés avec les combattants islamistes. » 
« Il faut que les africains profitent que l’Europe soit en crise et en perdition pour se réinventer des solutions d’existence conformes à l'esprit de communauté traditionnel» (Aminata Traoré - La démocratie ne suffit pas par legrigriinternational). « Il faut cesser d’adhérer au système européen imposé alors que justement il est en train de se perdre. Tant que le système de la mondialisation restera basé sur la prédation et la subordination, nous vivrons dans un contexte d’insurrection. La meilleure façon de s’en sortir c’est de comprendre tous les enjeux et voir ce qui se passe réellement sans se boucher les yeux. »
Intéressant discours, non ?... Aminata Traoré s’est beaucoup investie dans l’art Africain pressentant qu’il y avait dans cette activité un des débouchés. Elle lutte encore dans ce domaine, même en occident pour la libération et la promotion de l’art qui est l’image des peuples. Je suis heureuse en tant que femme, en tant qu’artiste, de savoir qu’il existe un être comme elle qui a le courage encore et encore d’affronter la réalité avec tant d’objectivité sans se laisser corrompre. Je loue son livre « Le viol de l’imaginaire » qui a sa sortie, il y a déjà plusieurs années, m’a donné le sentiment de me sentir moins seule.
« TINA soit qui MALI pense »
Rappel : TINA est l'acronyme de «There Is No Alternative» de Margaret Thatcher. Tel n'est pas du tout l'avis d'Aminata Traoré, nous rappelait Martine le 19 janvier 2013. Mais ce ne sont que deux femmes suspectes de vaines prétentions à la lucidité !
L'important est l'avis de deux messieurs-biens, lucides présidents de la Françafrique, pardon de la 5° République Française. Le premier dans un historique discours hystérique du côté de Dakar, le second dans un historique acte hystérique du côté de Bamako. Deux variantes d'une même continuité politique «grandiose» (mais dans le «changement», ment le second). Celle d'une France Éternelle, ô cocorico, qui fut coloniale (sans -iste!) pour la saine évolution de pauvres sauvages vers les beautés, blabla, de LA civilisation que l'on sait... : car on l'a tous sur le dos, la TINA !
Certes, avoue implicitement le discours de Dakar, la France a eu quelques ratés dans sa glorieuse époque de «grande mission civilisatrice», puisque les pauvres africains «souffrent toujours de n'être pas assez rentrés dans l'Histoire», a-t-il osé dire entre autres fadaises de mépris arrogant. Et son successeur, bien autant arrogant, prétend voler au secours du Mali par les armes. En tardif pompier d'un incendie qu'alluma son ancêtre politique : le si «grand humaniste» Jules Ferry, à la fois théoricien de notre sainte école publique et de notre sainte colonisation, excusez du peu.

Ils ont tout faux, ces deux messieurs. Ces deux dames ont tout raison. Elles et tous les peuples d'Afrique et d'ici, qui ont sur le dos «les bienfaits de la civilisation», versus Mme Thatcher and so on : «TINA ! ... : Le libéralisme est là, renard dans le poulailler, c'est LA liberté du capitalisme triomphant. Qui fera SEUL l'Histoire, désormais... prétendent-ils (car «la Dame de Fer en avait deux grosses» moquent des écossais, amusés du fait qu'elle refusa, par décence, de porter le kilt!)...

On ne peut comprendre l'actualité du Mali sans la replacer dans la si vaste Afrique :
Les peuples d'Afrique bien autant que ceux d'ici et de partout, ont fait, font et feront l'Histoire. Pour se limiter à la seule Afrique Noire et aux récentes périodes anticolonialistes, les africains ont à peu près tout tenté, avec grand courage, face à l'envahisseur «civilisateur». Surtout pilleur et incendiaire... Après y avoir été tant esclavagiste pour leur Amérique... Et avant de jouer au pompier-pyromane.
Il y eut de grands faits d'armes anciens, pour la plupart inconnus de nous (l'Histoire est encore loin d'être impartiale) mais pas des griots, donc des traditions. Puis, plus récemment, sont nées de grandes actions politiques audacieuses, grâce à une multitude d'anonymes. Et marquées de ces quelques noms : Patrice Lumumba, Nelson Mandela, Kwaine N'Krumah, Sékou Touré, Thomas Sankara, Amilcar Cabral, Augustino Neto, Eduardo Mondlane... et au Mali, enfin, Modibo Keita.
Le point commun de tous ces leaders fut de se réclamer «Africains», pour une unité africaine perdue par des frontières aberrantes post-coloniales. C'était du temps de la dite «guerre froide» et des chauds maquis (ou coups d'états), plus ou moins inspirés par divers marxisme-léninismes. Dégénérant souvent (comme en URSS...) en conflits politicards !... Cette période anti-coloniale puis post-coloniale a beaucoup souffert de ces caricatures de «révolutions mode marxiste» en modèle très inadapté. Manœuvré souvent par l'URSS, Cuba, La Chine... avec scissions fomentées par les USA, la France, etc. : bon merdier pour petits politiciens et gros affairistes. Et surtout misères s'aggravant lourdement (migrations intérieures, inter-régionales, vers le riche Nord)...
Le MALI, à sa façon, est une espèce de caricature-résumé de toutes ces misères héritées du colonialisme. D'abord par la pire extravagance de frontières artificielles intenables, qui ne furent que bêtes divisions de zones militaires provisoires entre petites armées françaises rattachées à un commandement soit à Alger soit à Dakar !...
La caricature continue avec l'appellation coloniale de «Soudan Français». Qui, à l'indépendance (59/60) deviendra MALI. Mais... après rocambolesques aventures de «Fédération du Mali» (nom de l'ancien empire régional du 13°siècle), avec le Sénégal. Hélas son président L.S. Senghor finira par rejoindre le point de vue pro-Francafrique de F. Houphouët-Boigny («la Côte d'Ivoire ne veut pas être la vache à lait d'une fédération romantique»). Et l'essai de panafricanisme capote, après avoir tenté la Haute-Volta (Burkina-Faso) et d'autres : Ghana, Guinée, Togo. Oui, Modibo Keita est grand panafricain. D'ailleurs, il proteste contre les essais nucléaires français au sud algérien voisin, reconnaît le GPRA avant l'indépendance de l'Algérie, expulse les dernières troupes françaises du Mali en 61 (... revenues en fanfare aujourd'hui !!).

La misère du Mali n'a cessé de s'aggraver, pire encore que chez ses voisins, depuis. Entre autres, les spéculateurs sur le cours du coton ruinent la grande ressource du Mali. Le «libéralisme» de TINA le veut. Puisque c'est le remède de cheval pour «assagir» (assassiner!) un pays qui fut tenté par une «3°voie» (non alignée et socialiste) d'une époque révolue. SAUF QUE NON... : IL Y A des ALTERNATIVES !
Après l'échec (mondial) de l'alternative «communiste» aux sauces staliniennes ou maoïstes, voici notre nouveau choix devant le mur de TINA. Soit la révolution «d'en bas», sage-populaire, soit la pseudo-révolution «d'en haut», élitaire-délirante.
-Soit «d'en bas» le genre indignés, versus Grèce,etc. ou versus «printemps arabe» et autres (Birmanie, Bolivie, n. zones à défendre) : Multiformes mouvements libertaires, sorte de révolution rampante qui prolifère par immenses variations locales, d'avenir. Celui de la Justice Sociale. De l'élémentaire Liberté...irrépressible pulsion de vie.
-Soit «d'en haut», révolutions de l'élite de ceux qui savent, (car Dieu les a choisis!), genres évangélistes yankees, catho-intégristes d'ici, radicaux hébraïques d'Israël, divers islamistes-du-djihad. Volontiers kamikazes et sanguinaires pour les pires : là, ils sont, comme les autres, escrocs religieux - mais bien plus mis «en vedette». Notamment grâce à l'abcès de fixation que la mouvance Al-Qaïda a pu créer dans le Nord Mali, si loin de tout (même de Bamako) : Après sa naissance par son fracassant succès du 11/09/2001, ses échecs en Algérie, en Afghanistan-Pakistan, ailleurs...
Alors, oui, bien sûr, comme tout le peuple malien, tous les africains, tout le monde, je suis atterré des invraisemblables exactions de fous de Dieu qui violent, coupent des mains, tuent, pillent, bref des fous furieux. Brigands surarmés par les stocks d'armes de l'ex-régime du fou furieux Kadhafi *, lequel est remplacé par … à peu près rien !

Mais ces bandes, capables de ce pire-là, ont aussi une élite de très jusqu'au-boutistes disciplinée, capable d'un très grand coup contre les «infidèles» sur une exploitation gazière d'Algérie à In Amenas. Le plus important coup depuis le 11 septembre 2001, peut-être. C'est une «opération coup de poing» dans une tradition des certains maquis (qui par exemple infligèrent en Espagne la première défaite aux conquêtes napoléoniennes) : Ces combattants là seront «hors-la-loi, terroristes» si vaincus, ou «héros patriotes» s'ils finissent par gagner. Or l'armée algérienne se revendique être fille des moudjahid des maquis, vainqueurs de l'«Algérie Française» d'il y a 50 ans. Elle n'a donc jamais toléré que d'autres maquis puissent naître depuis contre elle. Alors que les injustices sociales dues à «l’État FLN rentier du pétrole » se sont très, très aggravées : Dans un régime policier si puissant, si corrompu-corrupteur, les revendications populaires, faute de mieux, ont donc été canalisées par les islamistes. De plus en plus extrémistes au fur et à mesure qu'ils furent battus et repoussés au sud.
Donc, au Sud-Sahara, après établissement de leur grande «base arrière de l'Azawad», - odieusement chipée au légitime mouvement Touareg autonomiste -, ils reviennent à la conquête de l'Algérie ! : Tel est le schéma de la stratégie de cette mouvance islamiste. Mais la réalité est bien différente : ces islamistes là ne sont plus dans le peuple algérien, mais bandes de brigands sans FOI ni LOI, sinon de tout justifier au nom de Dieu, et d'abord leur terrorisme atroce sur... d'autres musulmans !

Beaucoup trop de mouvements insurrectionnels connaissent ce genre de dramatiques dérives. Hier : Tupamaros d'Uruguay, Sandinistes d'Amérique Centrale, Bolivariens de Colombie (etc.) avaient chaude intimité avec les revendications populaires. Faute d'avoir pu prendre le pouvoir, ils se sont étiolés et, souvent, résignés à survivre de trafics lucratifs, drogue principalement. Le cas des Talibans en Afghanistan et Pakistan est de pire dérive... et la dérive s'étend (via Soudan...et Internet !) au Sahara.
Pendant ce temps le «printemps arabe» des révolutions vraiment populaires a pu enfin naître, fragilement. Renversant au moins trois despotes, Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, menaçant le 4°, El-Assad-le-coriace. Fragilement puisque l'expérience d'une société se libérant toute seule de tels poids est neuve. Et que de «vieux chevaux de retour» affluent. Certains libérés de prison ou d'exil (pour des opposants politiques laïcs et d'extrême-gauche). D'autres recouvrant libre expression publique, après être restés discrètement actifs dans leurs vastes réseaux sociaux : les frères-musulmans.
Cette appellation (officiellement «confrérie») est très souple, un peu comparable à la vaste «démocratie chrétienne» d'Europe depuis un siècle. A l'époque, d'ailleurs, les bons bourgeois des deux religions s'entendaient sur un point fondamental : «nous sommes des élites en charge de nos peuples ignares, à guider par la religion», et divergeaient sur le nom de cette religion !... Mais, tous deux, animèrent d'utiles services sociaux... en restant ambitieux de conquérir le pouvoir. Avec dérives fatales...

Retour au Mali, dont les pouvoirs étatiques sont quasi nuls et dont les misères du peuple sont quasi inimaginables. Ce serait une nouvelle Somalie si les islamistes sahariens parvenaient à Bamako ! Rappel : la Somalie fut abandonnée au rapport bénéfice/coût d'intervenir dans cette pauvre «corne d'Afrique». Donc abandonnée aux pires pirates. Mais le Mali (même s'il n'a que de potentielles mines d'or) a une position stratégique entre Algérie et Nigeria pétroliers. Est voisin des belles mines d'uranium du Niger si indispensables à la France. Voisin du Sénégal et de Côte d'Ivoire, où tant s'exerce «notre» Françafrique (officiellement reniée)... Et puis, cocorico encore, cette démonstration de force française au Mali est «vendeur» de «notre» beau joujou Rafale aux princes du Golfe Pétrolier. Ces schizophrènes-graves qui trouillent sur leurs pétrodollars, les dispersent aux Djihad... Attaqués par ces joujoux made-in-France. Au prestigieux «cocorico» à défaut d'être vraiment riche ! 
Les voisins du Mali sont presque autant fauchés que le Mali, en tout cas incapables de concrétiser sur le terrain leur solidarité militaire tant affichée en beaux discours... :
Le club de la riche Europe a la même réalité que de la pauvre CDAO : égoïsmes et beaux discours de solidarités... (et l'ONU ? : pire blabla!) : Le FMI, lui, gouverne...
Bref, ni les Maliens, ni les Algériens - ni les Touareg, encore une fois grands perdants de leur Azawad si juste - ni personne, surtout pas les musulmans (parfois réjouis par des coups d'éclats tels qu'à In Amenas) ne peuvent attendre qu'on agisse à leur place. D'abord celle des Maliens «aux premières loges». La malienne Aminata Traoré est très lucide, elle est très convaincante. Merci, Martine de ton billet sur «notre sœur-courage» que je salue comme toi !...
Rem*

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* Juste un aparté concernant l'ancien guide Kadhafi : de grands journaux français, à l'époque plus objectifs qu'aujourd'hui, ne l'avaient pas jugé ainsi. (documents de 1973 à 1987) Pauvre Libye, pauvre Mali, pauvre Afrique !
bab

jeudi 24 janvier 2013

De Florange à Goa

L'homme de l'Élysée (non, pas du Picardie) fait donc "sa" guerre, dans un lieu dont je crains qu'il ne le connaisse mal. Le voilà soudain conquérant. Il ne s'agit pourtant pas de sauver "nos fils et nos compagnes", mais de l'extraction d'un produit que bien des Français préfèreraient bien voir ailleurs. Oui, bien sûr, il y a aussi de l'or, du pétrole, et autres bricoles. Mais ne s'agit-il pas de sauver le soldat Areva, qui a là sa principale source... de pollution à long terme ? C'est tellement mieux que les énergies durables : là il s'agit du danger durable.

Soudain, à la demande d'un gouvernement à la légitimité très douteuse, les mercenaires que sont désormais tous les prétendus "défenseurs de la France" sont envoyés là-bas, dans le désert, à leur sortie d'un autre théâtre d'opérations contesté, et contestable, l'Afghanistan. Il va falloir combattre quelques mercenaires là aussi, ceux d'Al Qaida, ces groupuscules de déstabilisation inventés par la CIA aux temps des Moudjahidin... encore d'Afghanistan. A leurs côtés sont les occupants légitimes et millénaires du terrain, les Touareg. Une vraie civilisation, très différente de la nôtre, mais au moins aussi respectable. C'est un processus qui sent très mauvais.  Les Affaires Étrangères de notre pays y seront durablement jetées au Gémonies par les gens du cru. Sans doute cela n'a-t-il pas d'importance, dès qu'on parle d'uranium.

Florange
Curieusement, le discours fut bien moins ferme, quand il s'est agi de défendre notre sidérurgie. Il est vrai que, désormais, elle appartient à un homme du sous-continent indien, très riche donc respectable sans doute. En revanche, elle est bien implantée sur notre sol, et elle est servie par nos compatriotes. Bah ! Cela n'a sans doute pas d'importance. Et toutes les solutions qui ont été proposées pour sauver ce facteur pourtant stratégique ont été récusées, toujours par l'homme de l'Élysée. Au contraire, le voilà en quête du démontage final pour toute la protection sociale de notre pays, sans doute parce qu'elle agresse les amis du personnage. Son prédécesseur n'est donc pas allé assez loin, il faut très vite finir de détruire ce que des centaines d'années de luttes avaient fini par obtenir, au prix du sang parfois.

Un certain séjour à Londres, un peu avant les élections, fut donc fructueux. Tout est en place pour contenter les adorateurs de la City, les banquiers du Dieu Argent. Comme ses prédécesseurs des années 90, un socialiste ™ va plus loin et plus vite que ceux qu'on aurait pu supposer être ses adversaires. Les centrales syndicales ne bougent pas. Ceux qui descendent dans la rue ne s'en réclament pas. A la suite d'autres sacrifiés comme la Grèce ou l'Espagne, voilà la victime qui est présentée à ses bourreaux.

Et pourtant, l'opposition existe, elle est toujours là. Elle n'a pas les mêmes aspects que les hommes de Billancourt. Elle se bat ici contre Areva (oui, celui qui a des mines au Niger et en Mauritanie), contre Vinci ici, contre Vinci là. C'est un projet d'aéroport ridicule, dans le pire endroit pour le construire ; c'est un EPR-Arlésienne, et la ligne THT qui en découlerait peut-être s'il venait à fonctionner.... un jour.... c'est un dossier pharaonique pour traverser les Alpes en bousculant tout sur son passage (merci le TAV) comme les éléphants d'Hannibal ; ce sont des dizaines de projets où Vinci (encore lui) n'a pas la plus petite part, pour des résultats envisagés qui feraient rire si ce n'était si grave (dix minutes de gain de temps pour Poitiers-Limoges, si, si....).

Oui, il y a une opposition, mais elle n'est portée ni par des syndicats, ni par des partis politiques hormis le Front de Gauche parfois. La plupart du temps, ce sont des riverains de projets qui prennent leur destin en main, ou des jeunes motivés qui viennent leur prêter main-forte. Ils sont en butte aux forces dites de l'Ordre (particularité, tout est très calme quand elles ne sont pas là) qui, manifestement, ne sont là que pour les intimider, alors pourtant et manifestement, cela ne fait que renforcer l'opposition, et ridiculiser les positions gouvernementales.

Magistral là-bas (pour le moment), piteux ici, et dangereux, voilà un parcours "officiel" que les citoyens français ont le droit de trouver malséant. De la précarité organisée pour un maximum de personnes, à une retraite de plus en plus rikiki pour de moins en moins de gens, d'une santé publique en grand danger (l'espérance de vie redescend désormais) à un emploi aussi rare que l'eau dans le désert du Mali, notre pays entier s'en va à la poubelle.

N'a-t-on pas le droit d'être en colère ?

mercredi 23 janvier 2013

Il est envisagé de remettre à l'arrêt des réacteurs au Japon (NHK)


Le chef de l'agence de régulation nucléaire a indiqué la possibilité d'interpeller l'opérateur des deux seuls réacteurs nucléaires en service, afin qu'il les arrête.

Au cours d'une nouvelle conférence mercredi, Shunichi Tanaka, le directeur de l'autorité de régulation nucléaire a fait la remarque à propos des réacteurs N°3 et 4 de la centrale Ohi, dans la Préfecture de Fukui, sur la côte de la Mer du Japon.

Selon lui, tout réacteur en service qui ne réussit pas à satisfaire aux nouveaux réglements de sécurité doit être arrêté. La centrale Ohi ne pouvant y faire exception.

Tanaka a aussi suggéré que le régulateur puisse permettre à l'opérateur, Kansai Electric Power Company, de continuer à fonctionner aussi longtemps qu'il satisfera aux nouveaux standards.

L'autorité va apporter de nouveaux standards pour s'assurer de la sécurité de toutes les centrales nucléaires. En juillet les nouveaux critères deviendront la norme à laquelle devront se plier les opérateurs.

Le gouvernement avait permis à Kansai Electric de redémarrer les opérations des réacteurs en juillet dernier, et la société prévoit de continuer à les faire tourner pendant 13 mois, jusqu'à septembre, où il sera temps pour eux de se soumettre à l'inspection de routine.

Si les deux réacteurs sont arrêtés, la totalité des 50 réacteurs seront hors service pour la première fois depuis mai 2012, où ils avaient été tous stoppés à la suite de l'accident de la centrale Fukushima Daiichi de mars 2011.

[Au départ le Japon disposait de 54 réacteurs, mais pour rappel, à Fukushima Daiichi ce sont quatre réacteurs qui sont définitivement hors d'usage - NdT]


(avec les coquilles habituelles)

Le traité franco-allemand, il y a cinquante ans

Le traité franco-allemand, il y a cinquante ans

Le 22 janvier 1963, Konrad Adenauer et Charles de Gaulle signaient un traité qui aurait pu être historique. Celui-ci scellait la coopération des deux côtés du Rhin en vue d'un avenir commun et indépendant d'acteurs "extérieurs". Louable préoccupation.

Malheureusement les politiciens allemands ne l'entendaient pas du tout ainsi. C'est pourquoi ils ont concocté un préambule qui en effaçait TOUS les effets, et qui fut voté juste avant la ratification du traité lui-même. La classe politique allemande, tournée vers les États-Unis d'Amérique plutôt que vers la France, voulait associer la Grande-Bretagne à cette union (C.de Gaulle, prévoyant, ne le voulait surtout pas), elle comptait pour sa Défense sur l'OTAN (récusé en France), et comptait bien adhérer au GATT (un carcan selon le président français).

Aujourd'hui, De Gaulle parti, la France est jusqu'au cou et même plus dans l'OTAN, dont elle a même pris "la direction" (traduisons : c'est elle de son propre chef qui envoie ses mercenaires au casse-pipe).

Concernant la "construction européenne", la Grande-Bretagne et vingt autres pays ont fini par rejoindre le noyau initial composé de l'Allemagne, la France, le BENELUX et l'Italie. Pareil conglomérat de pays aux économies, aux motivations, aux contraintes géographiques complètement différentes, sans guide bien défini, ne peut être que la proie d'un acteur extérieur, les USA. Bien entendu, ce sont ceux-ci, dès 1944, qui avaient commencé à poser des jalons dans ce sens pour se constituer un marché captif colossal. Jean Monnet et Robert Schuman, en "stage" aux States à cette époque-là, en avaient été les agents bien "briefés" et conscients.

Bien entendu, faisant partie désormais de cette pseudo-Europe qui ressemble plus à un amas disparate, notre pays adhère aux traités internationaux d'économie comme le GATT, et puis le GATS que l'on appelle ici l'ACDS, et puis... tout ce qui peut enchaîner les économies, donc les politiques des États du monde. Seul bénéficiaire, les USA.

humour - le monde selon GW Bush
Les États-Unis d'Amérique sont un non-sens, au même titre que cette pseudo-Europe dont nous venons d'esquisser les contours. Deux cents ans après leur constitution, ils sont la somme de cinquante États plus ou moins accolés, aux profils extrêmement divers, aux climats fort différents, séparés par une succession de fuseaux horaires. Leur formation a été l'occasion de violences énormes, au point que subsiste un certain Second Amendement aux conséquences souvent cruelles. Leur "espace vital" a été gagné grâce à l'extermination de cent peuples, de millions de bisons, ce qui n'est guère un signe de civilisation. La partie sud n'est que l'annexion pure et simple, selon plusieurs méthodes, du nord du Mexique. Entre Albuquerque et Boston, le contraste est fondamental, comme entre Valence et Oslo sans doute. Même les langues sont souvent différentes (en particulier entre les quartiers riches et les ghettos de pauvres). La seule unité provient de ce salut au drapeau auquel les écoliers sont contraints chaque jour : c'est maigre.

En raison de ce salut au drapeau, le seul ciment qui peut être apporté est une vision de tout ce qui est extérieur comme une terra incognita hostile, qui doit être domptée coûte que coûte.  C'est pourquoi, à la grande joie des industriels de la chose, ce sous-continent disparate, plus petit que l'Europe, se dote du budget militaire équivalent à presque tous les autres réunis (42%).  D'une agressivité digne du diable de Tasmanie, il mord tout ce qui bouge, et dans sa tête pourrait lui nuire.  L'agressivité militaire qui en découle va de pair avec une agressivité commerciale encore plus accentuée, héritage de la tradition britannique ("nation de boutiquiers", comme disait Napoléon).

C'est pourquoi il existe bel et bien un danger permanent sur cette planète limitée : l'expansionnisme impérial US, à la fois militaire avec ses mille bases, postes, points d'appui, et financier avec à la fois les banques de Downtown Manhattan entourant le NYSE, et la Bourse de Chicago régissant le flux des matières premières. Ces puissants lieux d'échange de capitaux sont les garants de la Fed, cette banque privée des banques privées qui fait mine de poser pour indépendante. A son tour la Fed est le bras droit du gouvernement de Washington. Comme celui-ci n'a guère le droit de s'immiscer dans les les affaires des différents États (les "citoyens américains" y tiennent), il se tourne plus volontiers vers l'extérieur. Le FBI est un organisme puissant, puisqu'il s'occupe de tout crime impliquant plusieurs États, ou les organismes centraux. Mais il est  d'une bien moindre envergure que la NSA, le stéthoscope de la planète avec ses milliers d'antennes de surveillance, et il est suivi de près par la CIA qui se pose en gendarme occulte du monde.

Celle-ci, à force de "fourrer son nez" partout, en est arrivée à susciter des réseaux de terroristes aux différents patronymes. Escadrons de la mort surtout en Amérique centrale et du sud, ils sont aussi regroupés sous la bannière "commerciale" Al Qaida ailleurs. De nombreux témoignages révèlent que ces entreprises occultes seraient financées au moins en partie par la reprise de la culture du pavot en Afghanistan (qui avait été bannie par les Talibans quand ils y étaient au pouvoir). C'est dire combien ce réseau mondial a des relents pestilentiels.

Les protagonistes sont en place. Le conglomérat nommé "USA" veut tout régenter sur la planète, par ambition, par paranoïa aussi. Il craint les BRICS qui ne veulent pas se laisser faire malgré les menaces et les provocations, il pèse de tout son poids commercial et politique, financier aussi, sur une Europe sans tête qui est de fait sous sa coupe. La seule solution serait de claquer la porte de cette pseudo-Europe, pseudopode des pseudo-USA, afin de créer de nouveaux réseaux d'alliances et de nouvelles façons de vivre où la finance n'est pas le moteur principal. C'est le grand défi de ce siècle, qui est déjà "de fureurs, de sang et de larmes". En fait, dès la fin de la guerre de 39-45, c'est De Gaulle qui avait raison en pointant du doigt les USA comme la plus grande menace pour l'avenir. Il ne s'agit pas d'être nationaliste, comme certains partis français, mais de défendre face à un rouleau compresseur "libéral", capitaliste, financier, la vie toute simple des habitants et des populations de notre petite planète. Avant qu'il ne soit trop tard.

dimanche 20 janvier 2013

USA - Un activiste du libre accès aux données, mort à 26 ans (Le Grand Soir)

La famille accuse les États-Unis d’avoir contribué au suicide d’Aaron Swartz

Un activiste du libre accès aux données, mort à 26 ans

 
 
Aaron Swartz, pionnier de l’internet, militant en faveur de l’accès libre aux données sur internet et de la justice sociale, a été retrouvé mort vendredi 11 janvier, à Brooklyn, New York, apparemment par suicide. Bien que les détails précis sur sa mort à l’âge de 26 ans soient encore en train d’émerger, il est clair que Swartz était victime d’une procédure de mise en examen retorse et agressive de la part des autorités fédérales.

En juillet 2011, Swartz a été mis en examen pour des délits fédéraux d’accès illégal au service payant JSTOR en 2010 en passant par l’intermédiaire du réseau du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Les autorités ont déclaré qu’il avait téléchargé illégalement 4,8 millions d’articles universitaires scientifiques et littéraires et s’apprêtait à distribuer ces textes protégés par le droit d’auteur gratuitement sur des sites de partages de données.
Swartz était confronté à des accusations fédérales de fraude informatique qui pouvaient le condamner au maximum à 35 ans de prison et 1 million de dollars d’amendes. Il était également accusé par le district du Middlesex d’être entré par effraction dans un local du MIT.

Swartz et ses défenseurs ont maintenu une position ferme en plaidant non coupable tout au long des deux dernières années, la bataille judiciaire se déroulant jusqu’au dernier jour de sa vie. D’après son principal avocat, Elliot Peters, Swartz avait récemment refusé une offre d’accord faite par la procureur Carmen Ortiz qui aurait évité un procès mais l’aurait mis derrière les barreaux pour six mois en échange d’une reconnaissance de culpabilité sur 13 chefs d’accusation fédéraux.

D’après une déclaration du bureau de la Médecine légale de New York, Swartz s’est pendu lui-même vendredi soir dans son appartement sur Crown Heights à Brooklyn. Le New York Times a indiqué qu’un oncle, Michael Wolf, avait confirmé que Swartz est apparemment mort par suicide et qu’un ami a découvert le corps.

M. Wolf a dit que son neveu, qui avait lutté contre la dépression et les pensées suicidaires par le passé et les avait même mises par écrit, « regardait le monde et avait une certaine logique dans son cerveau, et le monde ne correspondait pas nécessairement à cette logique, et c’était parfois difficile. »

Dans une déclaration publique, la famille de Swartz a dit, « la mort d’Aaron n’est pas simplement une tragédie personnelle. Elle est le produit d’un système judiciaire criminel qui suinte l’intimidation et les excès de pouvoir des procureurs. » Ils ont ajouté que, si JSTOR avait refusé de porter plainte contre Aaron, « des décisions prises par des responsables du bureau du procureur fédéral du Massachusetts et au MIT ont contribué à sa mort. »
Swartz avait 14 ans lorsqu’il avait co-écrit RSS (Really Simple Syndication) qui permet aux lecteurs de s’abonner à des journaux et autres sources d’information en ligne. Il était aussi le fondateur d’Infogami qui a ensuite fusionné avec le site d’information Reddit bien connu, qui classe les informations données par les membres d’après les recommandations des lecteurs.

Aaron a quitté Reddit en 2006, après que l’éditeur Condé Nast l’a racheté, et s’est consacré au libre accès aux informations sur internet et à l’opposition à la censure sur internet. Peu après, il a co-fondé Demand Progress, un groupe qui fait la promotion des campagnes sur internet contre les injustices sociales.

En 2008, il a publié « le manifeste de la guérilla de l’accès libre, » qui s’opposait à la propriété privée sur les informations et défendait le partage libre des revues scientifiques. Le manifeste de Swartz déclarait, « Il n’y a pas de justice à suivre des lois injustes. Il est temps de prendre la parole et, dans la grande tradition de la désobéissance civile, de déclarer notre opposition à cet accaparement privé de la culture publique. »

Dans le cadre de cette campagne, Swartz a écrit un programme pour télécharger le contenu d’une base de données de documents judiciaires fédéraux appelée PACER, près de 20 millions de pages en une fois, gratuitement [contre 10 dollars par page sur le système du gouvernement, ndt]. Le gouvernement a interdit ce programme gratuit et enquêté, mais n’a pas lancé de procédure. Les autorités, cependant, ont réagi très différemment en 2011 après le téléchargement de JSTOR au MIT.

Si les problèmes émotionnels d’Aaron Swartz ont pu jouer un rôle dans son suicide, sa mort tragique est la conséquence directe des actions répressives du ministère de la Justice américain.

Au cours de l’année écoulée, il est devenu évident que le procureur fédéral était déterminé à faire un exemple de Swartz. Il était poursuivi d’une manière agressive sans commune mesure avec la gravité du crime qui lui était imputé ou ses conséquences.

Alors qu’aucun représentant du gouvernement ou financier de haut niveau n’a été accusé, et encore moins poursuivi, pour les crimes liés aux guerres illégales de la décennie passée ou à la crise financière de 2008, le ministère de la Justice d’Obama était déterminé à punir un individu pour avoir tenté de rendre des informations accessibles au grand public et a fini par le persécuter jusqu’à sa mort.

Avec ses activités dans le domaine du libre accès aux informations, Swartz représente les couches de plus en plus importantes de la société qui sont écœurées par la corruption, le mensonge et le vol courants parmi les cercles dirigeants aux États-Unis comme partout ailleurs.

L’an dernier, il avait critiqué le programme d’assassinats du gouvernement Obama, écrivant :
« Chaque semaine ou presque, plus de 100 membres de l’équipe de la sécurité nationale américaine se réunissent en téléconférence sécurisée organisée par le Pentagone et passent en revue la biographie de suspects au Yémen, en Somalie et au Pakistan, et “nomment” ceux qui devraient être visés par leurs attaques. »
Comme Julian Assange et le soldat Bradley Manning, la campagne d’Aaron Swartz pour l’accès libre aux informations et, surtout, sa détermination à ne pas plier devant l’intimidation, ont été considérés comme intolérables par l’État.

Article original, WSWS, paru le 15 janvier 2013
https://www.wsws.org/fr/articles/2013/jan2013/aaro-j17.shtml
 
URL de cet article 19017

Faire du Mali une vitrine commerciale du Rafale (Lucky)

Faire du Mali une vitrine commerciale du Rafale, une déclaration inouïe de François Hollande (Canard Enchaîné, ce 16 janvier 2013).

Faire du Mali une vitrine commerciale du Rafale, une déclaration inouïe de François Hollande (Canard Enchaîné, ce 16 janvier 2013).

Il y a déjà 40 ans, quand la gauche alternative française se fédérait dans la solidarité contre le camp militaire du Larzac, elle ciblait avec lucidité le cœur du cœur du capitalisme moderne anti-humaniste : le militarisme et son omnipotent secteur industriel et commercial, le secteur le plus profitable dans tous les pays « riches », avant même le pétrole et les assurances sociales privées.

Quand cette gauche alternative s'en prenait par ailleurs avec succès aux sites désignés au grand sacrifice éternel pour le nucléaire civil (Plogoff, Le Pellerin, Le Carnet...), elle n'oubliait jamais, rappelez-vous, la dimension guerrière et militaire de l'économie de l'atome en France.

Mais maintenant, en 2013, nous nous en prenons (avec raison d'ailleurs) à un aéroport nantais bêtement saccageur de patrimoine et gaspilleur de ressources vitales, révélateur impitoyable de la bassesse de la décentralisation clientéliste, mais ce n'est quand même vraiment plus le même enjeu, multiplicateur de conscience libertaire, égalitaire et pacifiste.

Il est vrai que pour domestiquer le peuple français, il a fallu placer les principaux médias français sous le contrôle des marchands d'armes, cas unique dans le monde, et le faire oublier. Admirons l'adresse de François Mitterrand pour faire perdre à sa gauche son éthique humaniste antimilitariste, au profit de leurres marketing finalement inoffensifs ou inopérants comme « Touche pas à mon pote », la « Fête de la musique », ou le baptême d'une prétendue monnaie européenne, aussitôt confisquée par les spéculateurs.

Si l'on en croit le Canard Enchaîné de cette semaine (page 2), François Hollande a visité ce 14 janvier 2013 la base militaire d'Abu Dhabi, « vitrine » de l'armement français. 

Sans complexe, il aurait interpellé sur place l'un des pilotes de chasse dont les Rafale sont positionnés à Abu Dhabi : « Il se peut qu'on ait besoin de vos Rafale au Mali ». Certes, on peut comprendre qu'il faille agir pour empêcher les islamistes d'envahir Bamako, mais pourquoi François Hollande a précisé : « Il faudra leur montrer toutes les qualités du Rafale » (aux acheteurs potentiels, d'abord les Émirats) et surtout : « C'est aussi un élément très important de votre mission : montrer que les matériels français sont les plus performants... Merci pour votre double mission : à la fois opérationnelle et... commerciale !.... ».

Au moins c'est dit. Mais on s'étonnera que personne n'ait relevé cet écho du Canard Enchaîné paru avant-hier, ne serait-ce que pour le démentir.

Car cette information non démentie est profondément révélatrice, non seulement de l'addiction des socialistes français aux productions et ventes d'armes qui endeuillent des peuples entiers (qu'ils n'ont jamais tenté de reconvertir en industries humainement utiles et économiquement solvables), mais cela éclaire également la grande énigme de la géopolitique mondiale depuis un demi-siècle :
C'est enfin qu'on comprend la vraie nature analytique du capitalisme américain, dopé par les commandes publiques d'armements, ceci même sans raison pétrolière (comme lors de la guerre au Vietnam des années 1970), et l'unique explication de l'interminable souffrance du peuple palestinien sans jamais que l'Amérique n'ose imposer une paix juste à son protégé israélien : Il n'y a aucune passion nationaliste, religieuse ou ethniciste dans ce drame, mais seulement les calculs glacés des managers des industries occidentales d'armement, notamment américaines et israéliennes, qui ont un besoin vital, elles, de foyers de tension militaire et de haines inexpiables artificiellement entretenues, afin de provoquer l'insécurité et de continuer à vendre encore et encore leurs armements, fut-ce au détriment de leurs propres peuples, qu'elles méprisent.

Et maintenant qu'on sait que François Hollande raisonne pareil...

samedi 19 janvier 2013

Radioactivité d'un poisson : 2540 fois la "norme"



Voici une excellente nouvelle, n'est-il pas ! Selon Le Monde, dans la mer près de Fukushima Daiichi, la centrale  de tous les risques, la compagnie exploitante Tokyo Electric Power (TEPCO pour ceux qui suivent) a mesuré sur un poisson nommé au Japon "murasoi" une radioactivité plutôt hors normes.

La quantité de césium radioactif qui a été mesurée à cette occasion-là s'est élevée à 254 000 becquerels au kilo. Ce n'est "que" 2540 fois la norme qu'avait définie le gouvernement japonais, soit 100 Bq/Kg. 

Régulièrement depuis le séisme du 11 mars 2011, des poissons sont pêchés dans la zone, pour tester leur éventuelle contamination. Se nourrissant de plancton, les poissons accumulent la radioactivité de celui-ci. Mais jusqu'à présent , les taux de radioactivité qui avaient été décelés ne dépassaient guère le dixième de la dose relevée cette fois-ci.

Dorénavant, TEPCO sera obligée de poser des filets, pour que les poissons de cette région y restent cantonnés. En revanche, le plancton né sur place, lui, continuera à s'étendre toujours plus loin, contaminant une étendue d'océan toujours plus large.

Bien entendu, ce processus assez lent ne présente pas le même péril potentiel à court terme qu'un nouveau violent tremblement de terre, qui pourrait finir de désarticuler les piscines de barres usées, en particulier celle du réacteur numéro quatre qui est déjà fissurée. On pourrait alors aboutir en quelques dizaines d'années à la conclusion du film-catastrophe nommé tout simplement "La fin du monde", de 2006, avec Armand Assante. Seule différence, il s'agirait là des conséquences du nucléaire civil, alors que le film montrait les derniers mois des hommes d'un sous-marin, en plongée au moment d'une guerre à coups de champignons fatals.

La folie des "responsables" industriels et politiques étant ce qu'elle est, tout est possible dans un avenir dont personne ne peut savoir aujourd'hui s'il serait proche ou lointain.

Rappelons aussi, car c'est nécessaire, qu'en matière de radioactivité il n'y a pas de risque zéro. Les prétendues normes ne sont là qu'en fonction de risques de cancers "acceptables" statistiquement. Cela ne risque guère de rassurer.

vendredi 18 janvier 2013

Mission pour l'enfer (suite)

(seconde partie)



Arrivée de l'équipe “fraîche”…

L'équipe fraîche arrive de Paris et il me faut jouer les G.O. à l'aéroport militaire. Un casque bleu pakistanais fouille notre voiture et trouve un revolver planqué sous le siège du chauffeur alors que le garde du corps avait remis sa Kalach ! Le Casque Bleu m'incendie, j'incendie le chauffeur sous l'oeil goguenard des Pakistanais… finalement, grâce à mon statut de femme, on a évité un gros incident diplomatique… le gradé étant vraiment monté sur ses grands chevaux : cet incident prouvait que les femmes sont incapables de gérer… Le repas du soir autour de la bouffe infâme (il n'y a pas grand chose sur le marché) est consacré aux discours “j'étais en coopération en Ethiopie donc je connais bien la Somalie” du journaliste et aux silences du cameraman, qui fut otage au Liban, et sirote son scotch tranquillement. J'essaie d'expliquer que la Somalie est un pays musulman, que c'est l'anarchie qui dirige tout et que, même si la crise passe, l'insécurité règne partout dans la ville… mais rien n'y fait : il connaît, il était en Éthiopie.

Essayons malgré tout de le briefer sur “comment ça fonctionne à Moga, dans la maison, à l'U.E.R. ainsi qu'à la délégation française”. Écoute distante et goguenarde des nouveaux. Ils ont baroudé, eux…

Comme Noël approche le journaliste se vante d'avoir apporté du foie gras pour la circonstance ! Une minuscule boîte alors que nous sommes 4. Le cameraman, lui, a fait le plein de whisky… Il était temps que la maison se remplisse car je me sentais un peu seule… même si, un soir, un dîner avait été organisé à la maison d'à côté par la monteuse, restée elle aussi sur place pendant que ses hommes étaient aussi en voyage avec l'armée française. La nôtre, monteuse, partie quelques jours avec l'ancienne équipe, est revenue avec une équipe de troufions… nous allons donc pouvoir fournir des reportages quotidiens à Paris.
Nouveaux journalistes, nouvelles exigences…

Mes contacts divers et variés permettent d'avoir du grain à moudre. L'UNICEF me propose deux places à bord d'un vol humanitaire qui va à Baidoa. Je bondis sur l'offre et préviens le plus vite possible le journaliste et le JRI qui jouent les baroudeurs et veulent absolument aller tourner au marché aux armes de Moga.

Il y a deux marchés “off” : le marché aux armes et le marché aux caméras et matériel photo piqués aux journalistes. Un cameraman d'une équipe polonaise s'est fait trancher l'avant bras car il refusait de donner sa caméra aux bandits de grands chemins qui avaient coincé leur voiture hors de la ville, dans la zone “dangereuse”. Toutes ces marchandises sont revendues bien sûr à des prix complètement inattendus… car il faut à la majorité des habitants mâles de Mogadiscio de quoi s'acheter du qat. Si les réfugiés ont besoin d'aide humanitaire, faute de denrées comestibles, le commerce du qat est florissant. Il vient du Yémen par on ne sait quel biais… et tous les soirs, à la tombée du jour, tous les Somaliens mâles de Moga commencent à mâchonner et à baver de plus en plus vert, tout en s'endormant sur leur natte.

Les femmes elles, sont rares en ville, elle sont à l'intérieur des maisons… plus souriantes et belles que les hommes trop “secs” et embusqués derrière leur répulsion de la femme occidentale. Elles portent des voiles légers et colorés et me font comprendre qu'elles m'aiment bien parce que je porte toujours un turban sur la tête (j'ai testé pour vous : le coup de chaleur… on se sent mal, très mal… mais pas le temps de défaillir).

Carte de Noël…

Le soir de Noël se passe entre journaliste, cameraman, monteuse et moi-même… whisky et foie gras… et viande-semelle faite par le cuisinier (mais vu l'état vétérinaire des bêtes, il vaut mieux qu'elle soit trop cuite). Les journalistes râlent parce qu'il n'y a pas grand chose à manger ! Mais on n'est pas dans un hôtel 3 étoiles… on est à Mogadiscio, dans une maison de 6 chambres dont seulement 4 sont occupées, et les dollars filent à une vitesse grand V. Heureusement nous avons touché une nouvelle régie. Il était temps… la mienne avait fondu comme neige au soleil. Triste Noël à devoir écouter les réflexions quelque peu “enfant gâté” sur la qualité du repas, les rodomontades de l'ex coopérant à Addis, et à penser qu'on n'est pas sorti de la galère en tartinant son cm2 de foie gras sur du pain ranci.

Envie de départ… 

Nous sommes le 29 décembre et j'explique à Paris que la mission est “béton”. J'ai tout circonscrit et le boulot devient routinier. Je m'ennuie même et les rodomontades de l'équipe ne me font même plus sourire. Je souhaiterais rentrer pour le 31. Le chef du service me donne le top départ à condition que je rapporte le téléphone satellite qui est définitivement out, et qu'il faut rendre le plus vite possible vu qu'on loue très cher même s'il ne marche pas. Mon retour via l'armée de l'air s'organise de Paris. C'est l'accrédité-défense qui me pistonne.
Enfin…

Je dois partir par le vol du lendemain matin 9h sur Djibouti. J'ai un retour open Djib-Paris en poche. La chaîne voisine s'en va elle aussi, et c'est le chef d'état-major des troupes italiennes et ses troupes qui viennent s'installer à la maison d'à côté. Grâce au manager du compound qui a fini par consentir à me parler (tout en me disant que j'étais impure puisque non musulmane), j'apprends que, le lendemain, les Italiens doivent aller à l'aéroport accompagner le grand chef qui part pour Rome. Le manager me présente au gradé italien, à qui je pose ma requête… Rendez-vous est donc pris pour le lendemain matin à 5h car son avion part pour Rome à 6h.

De retour à la maison, je vais m'entretenir avec le journaliste ex coopérant. Je le briefe sur ce qu'il faut faire pour avoir les infos que “maman pélican” (c'est-à-dire moi) lui donnait en becquée. Il prend des notes et s'affole devant tout ce qu'il y a à faire. Il est vrai que j'étais sur la brèche de 6h du matin à 23h, avec un break/sieste pour se ressourcer (et puis la chaleur est insupportable à ces heures). Il râle parce que je l'abandonne (avec son équipe et bientôt l'autre qui va revenir de la campagne française) et me demande de lui donner mes dollars. Alors là non, j'ai besoin de garder quelque monnaie au cas où… “Pas question, me rétorque-t-il, tu me donnes tout ce qu'il te reste en dollars, moi je te donne des francs djiboutiens puisque tu fais escale là-bas”. Je suis donc rackettée (y compris de mes frais de mission personnels s'il m'en restait, ce que je n'ai pas eu le loisir de calculer sur place) de quelque 200 dollars. Je lui demande alors de me signer une attestation. J'ai expérimenté l'insouciance journalistique en ce qui concerne les frais de mission et les régies : je me suis déjà fait voler sur la régie par nos prédécesseurs partis sans payer le loyer. En prime ils avaient laissé une kalachnikov -probablement achetée au marché aux armes dans l'espoir de la rapporter en France- planquée sous un matelas. Payée par la régie, la Kalach ! Découverte aussi le lendemain de leur départ par une femme de ménage. Sympa comme cadeau n'est-il pas ?

Le (faux) départ…

Le lendemain matin, arrivée au compound voisin, les Italiens me proposent un café ! Un bon, un vrai ! Fait avec une cafetière italienne ! Un délice… une petite madeleine de Proust dans cet enfer que je vais bientôt quitter. Nous montons sur la jeep, le chef d'état-major et moi, et nous mettons en route pour l'aéroport. Nous sommes précédés par une autre voiture avec 4 soldats italiens, il y en a 2 dans la nôtre. A plusieurs reprises, et c'est pourtant le petit jour, des enfants somaliens poursuivront la voiture et cracheront dans notre direction. La haine de l'ancien envahisseur est très résistante… Arrivée à l'aéroport, j'ai trois heures à perdre et no duty free où traîner ses savates. Je dépose la valise du téléphone satellite au Q.G. de l'armée française et vais me promener… le soleil commence à darder ses rayons, pas d'ombre, si ce n'est quelques épineux dans un coin. C'est là-bas qu'il faut aller.

Il faut attendre… de temps à autre, passent un bonhomme et son troupeau de chèvres qui m'observent curieusement. Mon foulard autour de la tête doit l'intriguer : une toubab “voilée”… A 9h, je vais vers le coin du tarmac où les avions militaires français atterrissent… J'y découvre l'équipe complète de la chaîne concurrente et anciennement voisine ! Cinq personnes et tout leur équipement, y compris le banc de montage ! Aïe ! Cela prend beaucoup de place et je commence à angoisser… Ne vais-je pas être éjectée pour cause d'avion trop plein ?

L'accrédité-défense de Paris m'ayant certifié la veille que j'embarquerais à bord de l'avion, je me dis que j'ai une chance de pouvoir embarquer vu le peu de place que je prends. Eh bien c'est une erreur : le pilote de l'avion, qui a débarqué une petite grappe de journalistes français sur le tarmac de Moga, refuse de prendre tout ce monde à son bord. Même si je lui explique que c'était d'accord avec sa hiérarchie et que je suis peu encombrante, j'essuie un refus : “le pilote est maître à bord, madame, si je ne veux personne à bord, il n'y aura personne à bord. Je ne fais pas du tourisme”. Me voilà sur le tarmac, sans voiture, sans chauffeur, sans un dollar en poche… sans avion pour Djib. Je suis sur le point de m'effondrer : recalée si près du but. Pas un sou en poche, pas de chauffeur, pas de téléphone, pas moyen de prévenir l'équipe que je suis en rade et qu'ils appellent Paris pour me dépanner.

Qu'à cela ne tienne, j'avise des membres de la presse française, débarqués du zinc de l'armée française. Ils sont complètement perdus sur la piste et je leur propose de leur montrer où est la délégation française et l'U.E.R. à condition qu'ils me prennent à bord de leur taxi car je n'ai pas un rond pour payer. Quatre heures après m'être levée pour partir, je me retrouve à la case départ.

A la délégation française je rencontre un pilote et copilote américains d'un avion de l'UNICEF en partance pour Nairobi, dans l'après-midi. Comme je leur demande s'ils ont une place pour moi et ma valise-téléphone (laissée aux bons soins des troufions français à l'aéroport) dans leur avion, le délégué français répond très vite “non, il n'y a pas de place pour vous”… Le pilote lui rétorque alors que c'est lui qui décide qui monte à son bord et me demande la taille de la valise… Réponse positive ! Yessss ! Je vais enfin sortir de cet enfer…

Je vooooole…

Vers midi, nous nous mettons en route, le délégué français et sa compagne (voilà pourquoi il ne me voulait pas à bord), le pilote, le copilote et moi. Quelques minutes plus tard, me revoilà sur le tarmac… Toujours pas d'ombre et les gros zincs ne cessent d'atterrir et de décoller dans un vacarme assourdissant. Je ne sais pas où me mettre, le petit Cessna qui va m'emporter vers Nairobi est sur la piste, à quelques encablures de la piste principale. Je me mets du coton dans les oreilles parce que je n'en peux plus du bruit. Le délégué français décide de partir pour Nairobi avec un Tupolev d'aide humanitaire qui repart à vide. Bon débarras.

Le soleil brûle, il me faut m'abriter sous la petite aile de l'avion… nous commençons à être quelques-uns sous cette aile protectrice. Quelques journalistes, un Espagnol, une Suédoise, deux fonctionnaires de l'UNICEF, et moi. Sur le coup de 16h, on va embarquer. Je vais vite récupérer ma valise-téléphone et enfin nous décollons : il est bientôt 17h. Douze heures sur un tarmac d'aéroport africain sans aucune infra-structure, c'est dur. Coup de soleil sur le nez et le coup de pied… le journaliste espagnol est cramoisi. Je lui propose de la crème apaisante… il accepte avec un grand sourire. On gèle dans l'avion mais on est tellement content d'avoir pu quitter Moga qu'on ne s'en aperçoit même pas ! J' essaie de communiquer : le journaliste espagnol ne parle pas l'anglais, et moi pas l'espagnol. Je comprends qu'il est content lui aussi de quitter Moga.

Nairobi, avec des francs djiboutiens en poche…

Après une escale à Baidoa, l'avion finit par atterrir sur la piste de Nairobi, mais dans un garage très éloigné des installations aéroportuaires officielles ! L'Espagnol m'aide à traîner la valise, et il connaît bien cet aéroport, ça n'est pas son premier atterrissage en zone non éclairée sur ce tarmac. Nous arrivons enfin devant un officier de police kényan qui me demande 5 dollars pour mon visa ! L'Espagnol étant passé sans visa, lui… Il est huit heures du soir, je n'en peux plus de fatigue, de crasse, ma peau brûle, et un petit fonctionnaire kényan me dit qu'il faut que je paie pour mon visa ! Mon nouvel ami espagnol paie pour moi et comme je demande le pourquoi de ce visa au policier kényan, il me répond candidement : ” l'Espagne n'est pas un pays colonialiste”. J'hésite entre le rire et le pétage de plomb. Et opte pour un : “mais avez-vous entendu parler de Cortès au Mexique ?” L'Espagnol est mort de rire. Je lui explique ma déroute : pas un dollar, une carte bleue personnelle, un billet d'avion Djibouti-Paris en poche, Il me fait comprendre qu'il va me prendre en charge, qu'il a plein d'argent car il n'a rien dépensé à Mogadiscio… Arrêt au desk d'Air France où je réserve un siège sur le vol Nairobi-Paris qui part le lendemain et dis attendre un prepaid de Paris.. et au poste douanier pour laisser le téléphone satellite sous douane. Ouf, le douanier est compréhensif. Comme le départ pour Paris est prévu pour le lendemain soir, ça me laisse le temps de souffler : une nuit et une journée à Nairobi. Mon compagnon espagnol m'a gentiment attendue et nous prenons un taxi pour aller à l'hôtel Hilton.

A l'hôtel, c'est surréaliste : nous arrivons desséchés, brûlés, épuisés, d'une ville où tout montre que c'est la guerre dans un décor de Noël, sur fond de petite musique père-noelisante dans le lobby. Les employés du front desk sont souriants, affables… j'avais presque oublié que des êtres humains pouvaient être cordiaux. On se donne rendez-vous au bar avec le journaliste espagnol. Douche rapide, vêtements de rechange, coup de fil à Paris : le téléphone satellite est resté sous douane, j'ai réservé une place sur le vol de demain soir, merci de m'envoyer un pre-paid et des gens à Roissy pour venir me récupérer ainsi que cette valise. On me prévient que mon prédécesseur a oublier de me laisser les papiers de douane du téléphone satellite ! On verra bien à Roissy.

Rendez-vous au bar… nous sommes deux sortis de l'enfer et complètement décalés. Le taxi qui nous a attendus nous propose de nous amener à un restaurant très touristique de la ville : le Carnivore ! Il nous propose aussi ses services en tant que guide pour le lendemain. Qu'à cela ne tienne, mon chevalier servant me dit que nous n'avons rien d'autre à faire que du tourisme… Au Carnivore, on peut manger toutes sortes de viandes : crocodile, singe, etc… mais nous n'avons envie que de légumes, de salade, et de vin… vin d'Afrique du Sud, délicieux. Nous sommes complètement décalés, à 2h d'avion de Moga pourtant mais on a encore la tête là-bas… nous planons toujours au-dessus du sol kényan et parvenons mal à nous plonger dans cette ambiance occidentalisée… sans nous comprendre, on prend des fou-rires incroyables juste en se regardant. Cette complicité fait qu'on nous prend pour un couple et on nous suggère d'aller en boîte de nuit, là, à côté ! Quelle horreur ! Non, nous sommes toujours entre deux mondes mais “débarqués de Mogadiscio”, ça nous suffit pour être heureux. Ce repas, le vin, le taxi et le petit tour de ville du lendemain se feront aux frais de son journal puisque lui n'a presque rien consommé de ses frais de mission (pas de voiture, pas de matériel lourd puisqu'il est de la presse écrite, une chambre d'hôtel miteuse), en attendant mon vol du soir. Rentrée à l'hôtel je regarde CNN cinq minutes et ricane en voyant le briefing du Général Peck.

Le lendemain donc, un peu remis de nos émotions, nous allons visiter la maison de Karen Blixen, un marché typique, notre guide-taxi est content… nous planons toujours dans le surréalisme… le contraste est trop énorme pour pouvoir vraiment réaliser… je suis constamment prise de fou-rires parce que je me vois en train de jouer aux touristes dans une ville africaine moderne.

J'ai dû rendre ma chambre à midi et mon compagnon me propose de faire une sieste dans la sienne pendant qu'il rédige son article car sa direction lui en réclame un. Il a acheté le journal concurrent dans un kiosque et s'inspire du récit du concurrent pour rédiger son article “en direct de Mogadiscio”… en fait, il doit rester encore une dizaine de jours à Moga, mais il s'aménage des “pauses” à Nairobi quand il a sa dose de Moga. C'est lui qui paye tout, sauf la chambre d'hôtel que je règle avec ma carte personnelle… il paye même le taxi qui va m'accompagner à l'aéroport le soir. Il m'explique que je vais lui manquer… et me voilà dans l'avion rempli de Français de retour de La Réunion… bronzés, insouciants, insupportables avec leur côté gâté-râleur. Le 31 décembre, j'arriverai au petit matin… et comme je le redoutais, serai harassée de question par le douanier antillais de Roissy. “Mais qu'est-ce que c'est un téléphone satellite ? Pourquoi n'avez-vous pas les papiers ? Etc.” Il finit par me lâcher et je vois, derrière la porte qui s'ouvre, des collègues du planning son venus m'attendre, ainsi que le téléphone satellite !

Paris et le retour dans les dures réalités…

Au retour dans la rédaction, il a fallu faire des déclarations sur l'honneur, sur le conseil de la responsable des missions… sans quoi j'aurais été redevable de milliers de dollars à la boîte ! L'ardoise des prédécesseurs aurait pu m'endetter… mais visiblement c'était le dernier de leur souci.

Après le retour de la journaliste avec laquelle j'étais partie, nous avons un peu parlé de la Somalie, échangé nos points de vue, puisqu'elle était allée à l'intérieur du pays. Elle s'empresse de me dire : “oh, ça va s'arranger, j'en suis sûre”… ce qui me fait sursauter. Les échanges que j'ai eus avec les locaux, les humanitaires, ce que j'ai vu du comportement des Américains, me font au contraire envisager le pire pour les Somaliens… Puis, comme elle me dit que les équipes vont toucher une prime de risque, je lui dis qu'en ce qui me concerne, je n'ai rien eu depuis mon retour. Après être monté voir l'administrateur de la rédaction, elle descendra en me disant : “il dit que tu as assez d'argent en heures supplémentaires et que ça suffit, tu n'as pas besoin d'une prime de risque” ! Ben voilà ! Visiblement, j'étais suspectée d'avoir eu la main lourde en heures sups non faites : 3 semaines de 6h du matin à 23h, je ne les ai pas inventées… Quant aux risques, visiblement, je n'en ai pas courus…

Du coup, on est peu surpris d'apprendre par le Canard Enchaîné qu'un ancien preneur de son pigiste, retenu presque trois ans en otage au Liban, n'a jamais été déclaré en “accident du travail” par la chaîne qui l'employait… De même, lorsque les techniciens doivent, pour les longues distances, voyager en seconde alors que les journalistes sont en classe affaire.

Publié il y a 27th May 2010 par clomani