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mardi 25 juin 2013

L'armée a-t-elle encore un sens ?



Vingt mille ans avant la conquête de la Gaule par Jules César, une phalange de guerriers avait un sens, car il était nécessaire de protéger les communautés encore fragiles des bêtes sauvages et d'éventuelles incursions de pillards affamés. Il s'agissait de Défense.

Il y a moins de trois mille ans, ce souci légitime était déjà bien terni par les "exploits" d'Alexandre dit le Grand, porteur de la civilisation macédonienne jusqu'à l'Indus vers les années -300. Même souci concernant l'Empire Romain au début de notre ère, celui de Genghis Khan au XIIe siècle, les invasions espagnoles et portugaises au XVIe et au-delà, l'empire britannique qui leur a succédé jusqu'à nos jours (oui, oui), les velléités de Napoléon, ou le colonialisme français dont le dernier avatar est l'intervention au Mali. Il s'agit encore et toujours de s'étendre, de porter "la bonne parole" religieuse (les deux sont très souvent liés), de réaliser "de fructueuses tractations" (facile quand l'autre contractant a le couteau sous la gorge), en un mot de se comporter... en pillards. Même pas affamés, mais cupides et cruels.

La régression est cruelle. L'armée française est appelée "La Grande Muette", parce qu'il lui est interdit de "l'ouvrir". En théorie, elle est là pour défendre notre territoire, de protéger "nos fils et nos compagnes", et dans ce cadre-là, effectivement elle n'a rien à dire, simplement à agir selon l'accord tacite de tous nos concitoyens. Après tout, ce sont tous les citoyens qui lui donnent les moyens d'exister selon leurs richesses et leurs efforts.

Il est cruel de se dire qu'aujourd'hui l'armée n'est engagée que dans des actions d'invasion comme en Afghanistan à titre de supplétif du Pentagone, ou au Mali pour protéger les intérêts d'Areva, ou... Rappelons que la Gendarmerie en est un corps, même si les GM sont des troupes à pied alors que depuis l'origine les gens d'armes étaient à cheval. C'est ainsi que ce qui était considéré comme une formation d'élite en est aujourd'hui à repousser la population, mécontente ou pas, du passage de nos Z'élites, quel qu'en soit le nom puisque le pseudo-changement de majorité n'a rien changé à ce propos. Seulement les médias le relatent moins. Ou encore, amenée à grands frais, elle est amenée à attaquer des défenseurs de Notre Terre contre les appétits des magnats du béton et de la finance. Les exemples abondent, comme dans la Manche, du côté du Chefresne, où un maire est bousculé et arrêté pour avoir osé édicter un arrêté municipal parfaitement légal, mais dérangeant pour les Grands ; ou à Notre Dame des Landes où les violences ont été indicibles ; ou du côté aussi du projet de LGV trans-Alpes contesté par les No TAV... A chaque fois bien entendu les violences ont appelé d'autres violences, mais bien entendu ce sont les politiques qui ont commencé pour des raisons souvent inavouables. L'armée en ressort meurtrie, et montrée du doigt par ricochet.

Pire, dès que des personnes à bout d'arguments dérapent un peu (ou pas), ce sont souvent ces formations-là qui vont sur ordre charger, foncer dans le tas, cogner, et même parfois dans l'élan déraper et en faire trop. Car les coupables, ce sont les Z'élites qui au mépris de leur mandat vont s'à-plat-ventrer devant la finance et faire molester les citoyens indignés. L'armée, c'est maintenant à cela qu'elle sert, au lieu de pourchasser nos ennemis. Nos ennemis ? Mais oui, bien sûr, ce sont ces businessmen faisant souvent la navette entre la très haute fonction publique et la tête de multinationales "françaises", presque tous issus des mêmes milieux, des mêmes Grandes Écoles et de la même doxa ultra-libérale à laquelle TINA (There Is No Alternative comme disaient les pontes de l'École de Chicago et la délicieuse Madame Thatcher).

L'Armée est donc le bras des ennemis de la plus grande partie de la population, des personnes qui constituent la Nation. Soit elle est déployée pour réprimer les plus lucides, soit elle est projetée dans des conflits que l'on ne peut que désapprouver hautement, comme dans des montagnes ou des déserts lointains, mais presque jamais elle ne reste à sa place, qui est la défense du territoire. Il faut dire que le Président de la République est dit le chef des Armées. C'est aussi lui, unilatéralement, qui a prêté allégeance auprès de notre pire ennemi, les États-Unis d'Amérique, sous le couvert de l'OTAN. Nous sommes donc devenus les alliés forcés de l'Angleterre, ce vaisseau aux ancres dérapant toujours en direction de l'Ouest, et non de l'Europe.

Comment les officiers vivent-ils ce paradoxe de l'alliance avec l'adversaire objectif de tous nos intérêts ? La question est importante. Ont-ils oublié Valmy ? C'est la référence absolue à laquelle il faut se référer. Rester, afin de contenir les ardeurs des politiciens toujours prêts à en découdre (par personnes interposées), n'est-ce pas la source d'un conflit intérieur permanent entre son vrai devoir envers les habitants du pays, et les ordres d'un Pouvoir civil fort peu civil et surtout enclin à faire prévaloir des intérêts individuels ou catégoriels ?

Oui, l'armée a-t-elle encore un sens ?



1 commentaire:

  1. D'accord pour la référence de Valmy. Mais pourquoi absolue ?: ce n'est qu'un épisode, certes important, de l'histoire du peuple français, mais qui fut déifié par une « Histoire Nationale de la Révolution » (Michelet, etc.) fondatrice du dogme républicain jacobin toujours en vigueur. Alors qu'il s'agissait surtout d'une audace de « va nu pieds » citoyens, vite et mal armés et aguerris, contre les « nobles armées » de Seigneurs de l'Europe au secours de la royauté française... Et en 1871, de même, il y eut l'audace de la Commune de Paris armée à la va vite, au début contre l'envahisseur prussien, mais cette fois battue par l'armée « nationale » levée par Thiers ! : là est ma référence bien plus « absolue » de la tragique histoire populaire en France. Faut-il rappeler que Thiers alla chercher en Bretagne des « conscrits » en leur faisant croire que c'était contre la Prusse, et que cette armée dévoyée « nationale » était (déjà) encadrée par des officiers coloniaux (de la « conquête » d'Algérie) qui appliquèrent à Paris leur férocité de « pas de quartier pour la plèbe indigène »... Faut-il rappeler que les parisiens (comme d'autres cités communardes) étaient « Fédérés » (anti-jacobins) et qu'aux lendemains de la Semaine Sanglante la République ne fut rétablie qu'à une seule voix de majorité, ralliant la bourgeoisie apeurée par la Révolution Sociale : et on en toujours là aujourd'hui, avec un centralisme jacobin à deux ailes bourgeoises rivales et complices : le PS et l'UMP, plus surenchère FN...

    Il y a d'autres points sur lesquels je reviendrais peut-être, car je trouve le sujet de ton article fondamental, mais pas toujours ton point de vue...

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